Mon père brillant et drôle
"S'il avait été déporté, s'il avait été victime de la Shoah, je n'aurais pu connaître celui qui reste le grand homme de ma vie, mon père brillant et drôle, océan de culture, humaniste, rationaliste et homme d'engagement. Depuis mon enfance, je redoute le moment où il partira, pressentant que sa mort signera la fin d'un temps, la disparition d'un monde, comme le yiddish, cette langue si chantante qui peu à peu pourtant s'éteint."
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"Je crois que je me reproche de n'avoir rien pu faire pour mon père. Bien sûr vous trouverez cet autoreproche absurde: je n'existais pas encore [...] comme vous comprenez ces enfants tristes et graves, mûris trop vite dans la culpabilité de n'avoir pu empêcher un parent dépressif de sombrer dans la dépression."
Bérénice 34-44 d'Isabelle Stibbe (Epilogue)